la Colposcopie
Exploration du col utérin

La colposcopie est un examen qui consiste à regarder le col de l’utérus à travers le vagin à l’aide d’un microscope permettant une analyse approfondie du col utérin. Grâce à la mise en place de colorants et une observation soigneuse à l’aide d’un appareil grossissant appelé colposcope, des lésions pré-cancéreuses pourront alors être mise en évidence et prélevées de façon précises pour être analysées.
Principe :
L’épithélium, c'est-à-dire les couches cellulaires de surface qui recouvrent le col de l’utérus, peut se transformer suite à l’action des virus HPV ( papillomavirus), et devenir précancéreux. C’est à ce stade qu’il faut porter le diagnostic (ces anomalies étant suspectées grâce au frottis cervico-vaginal FCV) car un traitement simple pourra les éradiquer sans risque de diffusion.
Néanmoins, les états précancéreux ne se voient pas à l’œil nu, c'est-à-dire au simple examen du col, car l’épithélium, même pathologique, est translucide. Il faut donc des artifices, c’est-à-dire des colorants ou « réactifs » pour opacifier les zones pathologiques, ce qui permet de les repérer et les identifier.
Rassurer les patientes :
Les patientes arrivent presque toutes à la consultation de colposcopie très angoissées avec dans la tête l’idée qu’elles ont déjà un cancer du col car « elles ont étés voir sur internet ». Ce dernier étant très rare (3000 nouveaux cas par an en France) et exceptionnel chez les patientes bien suivies (réalisant un frottis cervico-vaginal (FCV) de dépistage tous les 3 ans à partir de 25 ans, puis un test HPV tous les 5 ans après 30 ans jusqu'à 65 ans. (recommandations de la HAS 2020).
Il faut les rassurer en leur expliquant que les anomalies révélées par le FCV ne sont pas nécessairement graves. Elles correspondent le plus souvent à des dysplasies ou lésions intra-épithéliales, lésions bénignes (pré-cancéreuses) qui peuvent disparaître spontanément, persister ou s’aggraver. Il ne s’agit pas d’un début de cancer mais d’une lésion qui pourrait aboutir à un cancer du col, si elles ne sont pas traitées.
Les dysplasies ne donnent aucun symptôme, ne se voient pas à l’œil nu et ne peuvent être visibles qu’en observant le col de l’utérus avec un appareil grossissant et à l’aide de colorants : c’est la colposcopie que l’on va réaliser.
Indications :
La colposcopie est indiquée en cas de FCV anormal qui est le premier élément de dépistage des lésions pré-cancéreuses ou en cas de test HPV persistant même avec frottis normal. En aucun cas la colposcopie ne remplace le FCV pour le dépistage de ces lésions. La colposcopie localisera de façon précise la ou les lésion(s) qui sera(ont) alors prélevée(s), puis analysée(s) pour porter un diagnostic précis à la suite du quel une conduite à tenir sera adoptée.
Déroulement de l’examen :
Une colposcopie peut se réaliser à tout moment du cycle (sauf en période de règles), il est à éviter en cas d’infection vaginale qui devront être préalablement traitées.
Cet examen est quasiment indolore, nécessite la pose d’un spéculum (qui est souvent l’élément le plus gênant), et dure environ 10 minutes. Il consiste à appliquer des colorants sur le col de l’utérus (acide acétique puis lugol) à l’aide de petits cotons et permet alors de révéler des zones de transformations sur le col et de faire des biopsies dirigées. Les prélèvements par biopsies sont également peu douloureuses, le col de l’utérus étant très peu innervé.
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L’acide acétique (vinaigre blanc très dilué) va coaguler les protéines et induire un blanchiment des tissus lorsque la charge protéique est élevée ce qui est le cas dans les lésions pré-cancéreuses, on dit qu’elles sont acidophiles.
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Le Lugol (solution iodée) colore les zones normales en brun acajou et ne colore pas les zones pathologiques, on dit qu’elle sont iodo-négatives.
Une fois les zones anormales révélées par les colorants, elles sont prélevées, en moyenne 1 ou 2 prélèvements suffisent et envoyées en examen anatomopathologiques pur avoir un diagnostic précis de la lésions.
A l’issue de l’examen un compte rendu est réalisé avec un schéma précis des lésions vues et prélevées.
L’examen peut également être normal et aucun prélèvement ne sera alors réalisé.
Rendu des résultats :
La patiente est revue entre 7 à 10 jours plus tard par le médecin ayant réalisé l’examen pour lui remettre les résultats de la ou des biopsies réalisées et une conduite attenir sera alors adoptées en fonction de ceux-ci.
Conduite à tenir en fonction des lésions révélées par la biopsie :
En cas de lésions de bas grade (CIN I), le traitement reposera sur la surveillance avec un FCV de contrôle ou test HPV à 12 mois (Recommandations HAS) car cette lésion peut disparaître dans 70 à 80 % des cas. En cas de persistance de cette lésion de CIN I au delà de 2 ans un traitement par laser en consultation sera alors à envisager.
En cas de lésions de haut grade ( CIN II ou CIN III), le traitement reposera alors par la réalisation d’une conisation au bloc opératoire pour enlever cette lésion (Recommandations HAS).
En cas de cancer révélé par la biopsie un traitement spécifique sera alors réalisé.
Dans tous les cas il est fortement conseillé aux patientes d’arrêter leur consommation tabagique ce qui favorisera la disparition du virus et la disparition de la lésion.
Conclusion :
La colposcopie est l’examen incontournable pour explorer le col de l’utérus lorsque les frottis sont anormaux et/ou que le papillomavirus persiste. Elle permet de repérer de façon précise les zones anormales, de juger de leur sévérité, de faire une cartographie pour les localiser et enfin les biopsier pour obtenir un diagnostic de certitude et un traitement adapté.